Abstract
Le sujet de la modernité est à la mode parmi les travaux de recherches sur la sorcellerie en Afrique. Bien que cette approche ait fourni des données ethnographiques intéressantes et diverses, surtout concernant le rapport entre la sorcellerie et les transformations économiques, sociales, et politiques, il n’est pas évident que la sorcellerie actuelle, telle qu’elle est présentée, soit différente de celle du passé. Malgré cette forte apparence de nouveauté, la plupart des études se replient sur une base quasi-fonctionnaliste, puisque, selon le modèle, la sorcellerie demeure une force maléfique dont le «but» est de gérer l’insécurité du monde moderne. Au Bénin, par contre, l’auteur observe la transformation profonde d’une sorcellerie cachée et négative vers une sorcellerie ouverte et positive. La manière dont certaines personnes parlent de cette nouvelle forme de sorcellerie traduit une tentative de réponse endogène au modèle de développement occidental qui a échoué. Le rejet de la sorcellerie meurtrière indique une nouvelle attitude qui vise à considérer la sorcellerie comme un pouvoir dont on peut se servir à des fins utiles et positives. La sorcellerie deviendrait donc une source de fierté qui pourrait favoriser le développement.